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Justement, les convives arrivaient très affamés.

Moi, en moi-même, je me tordais.

On chercha les œufs farcis partout, excepté, bien entendu, à l’endroit où ils étaient.

Ah ! je me suis bien amusé, ce jour-là !

La cuisinière faillit en faire une maladie.

Je dois ajouter que l’absorption de ces deux douzaines d’œufs ne causa aucun préjudice à mon appétit, et que je déjeunai comme si de rien n’était.

Y a-t-il beaucoup de jeunes gens de vingt ans qui en feraient autant ?

Car, sous ce rapport, les jeunes gens de maintenant sont loin de nous valoir.

J’en vois quelquefois chez moi, qui ont l’air de manger du bout des dents ce qu’on leur sert, comme si on leur donnait de la cochonnerie[1].

Ce n’est pas parce que c’est chez moi, mais je puis affirmer qu’on ne mange pas mal du tout à la maison.

Je ne vais pas dire, bien sûr, qu’on ne sert

  1. J’en ai même entendu un, l’autre jour, qui disait : « Quand on veut suer, le meilleur moyen, c’est encore de lire les chroniques du père Sarcey. » Celui-là, quand je le réinviterai, il fera chaud, assez chaud pour suer sans lire les chroniques du père Sarcey.
    F. S.