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Intérieur

fois que la vue de la vie m’a frappé. Je ne sais pas pourquoi tout ce qu’ils font m’apparaît si étrange et si grave… Ils attendent la nuit, simplement, sous leur lampe, comme nous l’aurions attendue sous la nôtre ; et cependant je crois les voir du haut d’un autre monde, parceque je sais une petite vérité qu’ils ne savent pas encore… Est-ce cela, mes enfants ? Dites-moi donc pourquoi vous-êtes pâles aussi ? Y a-t-il peut-être autre chose, que l’on ne peut pas dire et qui nous fait pleurer ? Je ne savais pas qu’il y avait quelque chose de si triste dans la vie, et qu’elle fait peur à ceux qui la regardent… Et rien ne serait arrivé que j’aurais peur à les voir si tranquilles… Ils ont trop de confiance en ce monde… Ils sont là, séparés de l’ennemi par de pauvres fenêtres… Ils croient que rien n’arrivera parcequ’ils ont fermé la porte et ils ne savent pas qu’il arrive toujours quelque chose dans les âmes et que le monde ne finit pas aux portes des maisons… Ils sont si sûrs de leur petite vie, et ils ne se doutent pas que