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sur ses genoux, il écoutait attentivement et tâchait de prendre des notes, qu’il retrait ensuite comme il pouvait, aux notes précédentes. Bientôt, la voix traînante du professeur et la lecture monotone des textes engourdissaient sa volonté et son intelligence déjà fatiguée par les noces. Alors, dans une réverse paresseuse, somnolente, pleine de visions lointaines et de fugitives images, il revoyait, confus, s’entrechoquant, paraissant et disparaissant tour à tour, le Cancan, avec ses habitués, chantant, criant et jurant, puis, calme et douce, la figure grave de Taïko-Naga se promenant dans les sites aimés de Mionoska. Le regard de Fidé, perdu, noyé dans le vague, suivait machinalement les lambris de la salle, et, redescendant, retombait sur les auditeurs attentifs et le dos courbé. Le grincement des plumés courant sur le papier avec, de temps en temps, le bruissement des feuilles tournées à la hâte, tiraient le rêveur de sa distraction. Il regardait alors ses camarades, lentement, examinant leurs vêtements, leurs attitudes, comparant ce qu’il voyait aux choses déjà vues, trouvant en cette sorte de virginité de sensations une délicatesse infinie et une intime jouissance.

Il remarquait ainsi que les étudiants qui étaient là se connaissaient peu, et ne semblaient pas chercher l’occasion de se lier. Généralement, ils formaient entre eux des groupes,