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qu’en économie sociale ça s’appelait le lib… lib… libre-échange.

Il restait trois chaises. On les mit sur les épaules de Ko-Ko. Ça devait l’amuser, ce Chinois. Bien sûr, il n’avait jamais fait ça dans son pays.

On arriva, après des courses et des stations sans nombre, place Saint-Michel, devant la fontaine. Là, à bout d’idées et de forces, les Tristapattes s’assirent gravement, les uns sur leurs chaises, les autres sur les rebords du bassin. Plusieurs agitèrent la question de partir pour Londres sur-le-champ, parce qu’à Paris on s’embêtait trop, vraiment.

Les gardiens de la paix, habitués aux excentricités des étudiants, n’auraient peut-être rien dit. Mais tout à coup Vavin, à qui les vapeurs de l’alcool donnaient envie de casser quelque chose, prit une chaise et se mit à la briser sur le rebord du bassin, sous prétexte de voir lequel des deux sièges était le plus dur. Une ronde s’approcha, attirée par le bruit. On entoura Vavin, qui cognait toujours, et, comme il ne pouvait expliquer d’où provenait la chaise, on voulut le conduire au poste. Alors les autres intervinrent. Une seconde patrouille, survenant, arrêta Ko-Ko, qui demeurait inerte sur sa chaise, les yeux obstinément fixés dans la direction de la vasque. Cela indigna profondément les Tristapattes. Ils réclamèrent