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talons brodés couvrant les cuisses, et leur donnant l’attrait du mystère entrevu allumaient sa chair, lui mettaient dans le sang des désirs furieux. Il serrait le bras de Jeanne et ses yeux brillaient. Puis, les éclats entrainants des cuivres mêlés sous son crâne aux tourbillonnements de l’ivresse, lui donnaient des envies de s’élancer comme les autres, et de s’enfuir ensuite entrainant une femme, comme là-bas, dans les bateaux de fleurs, après le chirifouri. Ces Françaises, avec leurs toilettes provocantes, leurs effets de torse, leurs gamineries, l’arrangement de leurs vêtements et la politique de leurs sourires, laissant tout pressentir et ne livrant rien, lui paraissaient d’une autre essence que les femmes d’Orient, dont les soumissions sont souvent bestiales. Il avait été accoutumé à ne voir dans la Japonaise qu’un être d’espèce inférieure, destiné au plaisir et à la reproduction. Et voilà qu’une autre femme se révélait à lui, joignant aux charmes de l’amour les séductions de l’esprit. Celle-là avait une valeur. Elle comptait intellectuellement. Dans son cerveau ébloui, la pensée de devenir l’amant d’une de ces femmes, en plus du plaisir des sens, prenait les aspects séduisants du viol d’une intelligence. Ah ! il comprenait bien maintenant ce que lui avait dit Durand jadis, et il s’applaudissait d’avoir résisté aux adjurations de son père. Ébloui, chancelant sous les fumées alcooliques et les envolées troublantes de