Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/436

Cette page a été validée par deux contributeurs.
427
hara-kiri

à la main, le brandit et, d’un seul coup, trancha la tête de son ami pour mettre fin à ses souffrances et l’empêcher de défaillir. Puis, montrant à tous le visage décoloré, il cria :

— Vengeance !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cinq jours plus tard, un incendie formidable éclatait dans un faubourg de Yedo et, rapidement, gagnait la ville entière, dévorant les légères cases de bambous. Les pompiers accouraient avec leur casque de laine et leur corps matelassé, poussant des cris pour écarter la foule, portant leur étendard, fait d’une boule brillante ornée de banderoles de papier. Intrépidement, ils s’élançaient au milieu des flammes, projetant l’eau, ne lâchant pied devant le fléau implacable que lorsque les banderoles, en brûlant, témoignaient de l’impossibilité absolue de tenir plus longtemps. L’incendie gagnait, gagnait. Une terrible rumeur faite des cris des fuyards et du pétillement des bambous enflammés, s’entendait au loin. Les habitants, effrayés, se sauvaient après avoir enfoui dans le Kura incombustible ce qu’ils ne pouvaient emporter. On les voyait courir vers les canaux préservateurs, hissant au bout d’un bâton leurs objets les plus précieux. Les efforts des hommes étaient vains. La cité entière brûlait, des flammes rouges montaient par spirales vers le ciel, se perdant en des tourbillons de fumée.