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semblait ceinte d’un manteau de pourpre et lançait de tous côtés des rayons comme un ostensoir.

La nuit tombait. Il rentra au siro, l’âme pleine d’une mélancolie un peu apaisée. Le lendemain, il visita les jardins environnants et les canaux où Fidé aimait tant à siffler les carpes apprivoisées et les canards familiers.

De nouvelles douleurs lui furent réservées dans les appartements où toutes choses rappelaient l’enfant mort : les jouets inutiles, chers souvenirs de jadis, amoncelés dans les coins, les porcelaines d’Owari, à grands ramages bleus, qu’il avait rapportées lui-même d’un voyage à Nagoya, les laques finement dorées où s’allongeaient des oiseaux aux longues pattes, les bronzes ciselés à froid, représentant des monstres ouvrant leurs gueules hideuses, les caricatures étranges créées par l’art national, les bonzes aux ventres énormes et les métamorphoses de Bouddha. Tout cela éveillait dans : l’esprit blessé du vieillard d’amers ressouvenirs qui ravivaient sa douleur et rappelaient sa colère.

Il prévint ses amis de son intention terrible. L’un d’eux, ému de pitié, avertit le mikado qui, réprouvant la coutume barbare, chargea un de ses fidèles d’empêcher Taïko-Naga de mettre son fatal dessein à exécution. Mais le vieux Samouraï avait deviné la mission de l’envoyé du mikado. À son insu, il convoqua, pour un jour fixé, ses pa-