Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/401

Cette page a été validée par deux contributeurs.
392
hara-kiri

se décider irrémédiablement. Il n’éprouvait rien autre chose, d’ailleurs, qu’une impatience. La vie le dégoûtait, l’attente le fatiguait. Il voulait en finir. D’abord, il avait hésité à venir à cette fête, en quittant le champ de courses. Puis, ne sachant que faire, machinalement, il s’était, décidé…

Sosthène et Valterre parvinrent à l’extrémité de la grande rue. Presque en même temps ils aperçurent Marguerite de Barrol et Mme de Lunel. La jolie comtesse, toute gracieuse dans son costume de laitière, distribuait des tasses de lait et des sourires, s’amusant franchement d’être ainsi transformée, jouant au naturel son rôle de fermière adorable. La marquise, en face, trônait dédaigneusement entre deux autres jeunes femmes, grande dame jusqu’au bout des ongles avec son air royal, en dépit du commerce de fleurs et de bouquets. Vêtue d’une toilette harmonieusement sévère, satin loutre et peluche, chapeau Rembrandt encadrant fièrement son hautain visage, elle adressait à peine aux gens qu’elle connaissait un léger signe et remerciait les autres avec une raideur pleine de morgue. On lisait dans ses regards un souverain mépris pour cette pitoyable comédie de la charité.

Marguerite appela joyeusement Valterre :

— Vicomte !

Il s’approcha, salua gravement. Sosthène l’i-