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du Bois. Au signal du starter, abaissant son drapeau, ils partirent au galop. Puis, on vit les jockeys scier la bouche de leurs montures, les retenir à grand’peine. Le départ était mauvais. La troisième fois seulement, il réussit.

Dès que la première barrière eut été franchie, on vit un cheval lancé à toute vitesse, prendre rapidement les devants, précédant de plusieurs longueurs le lot de poulains qui suivait, faisant trembler la terre sous les chocs des pieds. Il allait d’un train d’enfer, gagnant du terrain à chaque pas. Le vent, s’engouffrant dans la casaque violet-clair du jockey, la gonflait comme un ballon. Une exclamation intense, répétée par plusieurs milliers de voix, s’élevait de la foule enthousiasmée, délirante, pareille à une vaste assemblée de fous :

Tunis !… Tunis tout seul !

Valterre, rassuré, sentait une joie involontaire l’envahir, comme s’il eût joué pour la première fois. Mais, s’étant retourné, il aperçut le major Hatt qui, tout pâle, murmurait :

— Qu’a donc Shandy ?… Il est fou, je crois… Il va éreinter le cheval en allant de ce train-là…

Une colère anxieuse se peignait sur son visage. Justement, les poulains passaient devant l’enceinte. Il se précipita, hurlant :

— Ménagez ! ménagez !