Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/379

Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
hara-kiri

résister. Il sortit en roulant des yeux irrités. Valterre lui fit remettre l’argent, puis il retomba dans sa méditation.

Cet incident ne l’avertissait-il pas qu’il fallait se hâter ? Certes, c’était la première fois qu’un fournisseur se permettait de lui réclamer le montant de sa facture avec une pareille insolence. Mais cela se renouvellerait d’un moment à l’autre, et sa ruine, encore ignorée, serait connue de tous. Alors les trente mille francs, épave du passé, disparaîtraient ainsi qu’une paille dans un gouffre insondable, et le désastre se précipiterait. Or, cette somme, si faible qu’elle fût, lui offrait une dernière chance de salut. Il pouvait la risquer au jeu, gagner une fortune peut-être et recommencer ensuite, avec de nouvelles forces, la terrible lutte pour la vie. Sinon, il serait toujours temps de faire comme la Moule. Du moins, il aurait lutté jusqu’au bout…

Se hâter ? Et pourquoi pas le jour même ?… Ainsi, il éviterait de prolonger une incertitude cruelle. Justement, il y avait des courses à Auteuil. S’il tentait la chance, là d’abord, puis le soir au Young-Club, il résoudrait en vingt-quatre heures le problème de sa destinée.

Souriant amèrement du sombre sourire de Werther, il tira du meuble où étaient enfermés ses louis un mignon revolver dont il remplaça les