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Je reprends mon raisonnement. En quoi l’amant qui reçoit de l’argent d’une femme, en échange de son corps, est-il plus vil que l’employé de l’État qui touche des appointements, rémunérant l’emploi de son intelligence ? Ils en dépensent bien peu, d’intelligence, les employés de l’État, mais prenez tout autre exemple, il ne sera pas moins juste.

» On veut l’égalité parfaite de l’homme et de la femme. On fait des tas de pièces glorifiant les folies inspirées par l’amour d’un homme, même d’un vieillard, pour une femme. Pourquoi la réciproque n’est-elle pas vraie ?

» Les chroniqueurs ont inventé pour l’amant payé cette amère ironie : Être aimé pour soi-même. Mais cela ne vaut-il pas d’être aimé pour son argent ?

» Comment se marie-t-on, je vous prie ? Cent fois pour une n’épouse-t-on pas la dot ? Le mariage de convenance pécuniaire n’est-il pas votre idéal, en tant que vous ayez un idéal, ô bourgeois ! Où est la différence, encore ? Le mari est un souteneur légal, alors.

» Et puisqu’aussi bien, je suis en train de prendre des exemples dans l’histoire, où a-t-on vu que les jeunes Grecs qui acceptaient les cadeaux de Laïs fussent déshonorés ? La majeure partie des grands seigneurs français, ceux qui nous ont gardé les saines traditions de l’honneur