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Ici, il fait métier de distiller l’enthousiasme. Tu le verras éclater tout à l’heure. Léon Blanche, l’amant de Flora, est sorti…

— Nous l’avons rencontré dans l’escalier…

— Ah ! bon… c’est un sculpteur… il est assez spirituel et méchant, mais sa situation ici lui attire des réponses un peu dures. Du reste, il y a pas mal de gens qui voudraient être à sa place. Par exemple Abadie, ce grand jeune homme, à côté d’Estourbiac. C’est un reporter. Celui-là vit complètement des femmes… son histoire est amusante. Entre autres canailleries, il a dernièrement pris pour maîtresse une pauvre fille venue de province pour débuter au théâtre à Paris. Abadie a boulotté les quelques milliers de francs qu’elle avait, puis il l’a lâchée : il a même vendu se meubles… C’est un chevalier d’industrie mêlé d’autre chose. Pas très fort, du reste, puisque chacun sait à quoi s’en tenir sur son compte. Ici il est l’amant de la femme de chambre, cette grande fille à laquelle il manque deux ou trois dents… Flora, qui est bonne comme le bon pain et qui sait cela, a dit à Abadie de déjeuner et de dîner chez elle, pour qu’il puisse voir plus souvent sa maîtresse. C’était ce qu’il voulait. C’est toujours cela de pris. Entre Flora et Abadie, ce monsieur à favoris est un officier de marine que je ne connais pas. Il revient de Tripoli, d’où il a apporté à Flora cette jolie lanterne que vous