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À grands cris, il réclama du potage. Flora, qu’il amusait, le regardait en souriant.

— Comment diable se fait-il que tu sois venu ici ? demanda le poète à Fidé.

— Mais… pour voir… C’est M. Estourbiac qui m’a amené.

— Oh ! bien alors, tu ne pouvais pas mieux tomber qu’avec moi. Je vais t’expliquer les types et faire les biographies, tandis que Boumol mange… Il a l’air d’avoir très faim, Boumol.

L’autre releva le nez :

— Oui, très faim.

— D’abord, connais-tu l’histoire de Flora de Rocroy ?…

— Oui, M. Estourbiac me l’a racontée.

— Alors, en face d’elle, cette femme parcheminée avec airs poudrés, des tournures de vieille linotte de Régence, c’est Mme Chumeau, née Pitollot, femme du défunt M. Chumeau, rentier, sœur… tous les portraits de cette famille illustre sont dans sa chambre… Elle préside silencieusement et solennellement aux dîners, reçoit les compliments des habitués avec sang-froid et se retire à dix heures… Très patriarcal, comme tu vois. À côté, ce noble vieillard, les cheveux rejetés en arrière, l’œil unique plein d’inspiration, qui se tait et paraît méditer des choses surprenantes, c’est Durassier, un auteur dramatique qui a eu un acte aux Français, il y a trente ans.