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Dans la voiture, il reprit :

— En arrivant, je vous présenterai comme un Japonais de mes amis, étudiant en droit. On connaît votre nom, car on est au courant de tous les cancans de Paris et, si je le disais, on poserait pour vous… vous ne verriez pas la maison telle qu’elle est. De cette façon, après une présentation pour la forme, nous nous assoierons à la même table. Personne ne s’occupera de nous. D’abord, il faut que je vous donne quelques détails biographiques.

— Mais, interrompit le prince, ne trouvera-t-on pas étrange que nous arrivions ainsi pour dîner ?

— Allons donc ! c’est l’usage général… D’ailleurs, ne vous attendez pas à faire un bon repas… Je commence mon récit.

Et tandis que le fiacre roulait lentement, il conta à Fidé ce qui suit :

Flora, qui se nomme Eugénie sur les actes de l’état civil, est fille d’un très brave homme de Nantes, petit rentier, mangeant consciencieusement son revenu, comme le pratiquaient depuis un siècle les Chumeau, de père en fils. M. Chumeau était très fier de sa fille, qu’il avait eue à un âge où d’ordinaire on renonce à procréer. Il lui fit donner une éducation de premier choix… qualité superfine, comme disait l’ami Potarel, un vieil épicier, son voisin. Flora apprit à gratter l’ivoire des pianos sous des maîtres