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forte envie de rire, le trouvant très ridicule. Il continuait :

— J’ai désiré, au lieu des chambres banales, un cadre digne de la nuit paradisiaque que j’espérais, digne de notre amour, Juliette. C’est pourquoi j’ai loué et fait meubler ce pavillon, d’où nous assisterons, sans être dérangés, à ce merveilleux spectacle… Cela vous plaît-il, ma reine, et m’aimerez-vous un peu ?

Elle lui laissa prendre un baiser.

— Alors, nous dînerons ici ?…

— Tout doit être prêt…

Elle battit des mains, avec joie. Puis enlacés amoureusement, ils allèrent à la fenêtre.

Un moment, ils contemplèrent Paris houleux, bruyant, pavoisé, d’où s’élevait une rumeur violente, pareille aux mugissements d’un fleuve débordé. Le prince, s’étant reculé, inattentif aux choses du dehors, regardait avec un attendrissement passionné la ligne pure limitant les superbes contours de ce corps, si magnifiquement fait pour l’amour. Des envies furieuses le prenaient de s’élancer sur elle et de l’étreindre enfin, longuement. La jeune femme, de sa voix calme, harmonieusement sonore, de temps à autre, tournait son visage pâle pour une question banale, à laquelle il répondait doucement, avec des tremblements dans la voix. L’air devenant vif et