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être la jalousie qui l’inspirait, car le chroniqueur continuait à être beaucoup moins riche d’argent que de notoriété.

Durant la fin de cet hiver, la bande des jeunes du Young-Club donna véritablement le branle aux écervelés de Paris, désireux de se ruiner. Ils allaient un train d’enfer, jouant, pariant, soupant, inventant tous les jours des folies nouvelles, étonnantes, dont on parlait pendant vingt-quatre heures. De Garrigal, notamment, un légitimiste, fit chauffer un train spécial pour mener sa maîtresse en pèlerinage à Lourdes, où ils se grisèrent scandaleusement.

Un soir, brusquement, en tournant le coin de la rue des Chabanais, Fidé se trouva nez-à-nez avec Juliette Saurel. Elle devint très rouge. Il eut une seconde d’hésitation, puis, franchement, il lui tendit la main. Elle s’arrêta. Alors, ils causèrent un instant de choses indifférentes, Fidé n’osant aborder le sujet qui lui tenait le plus au cœur. Elle remonta dans sa voiture. Il demanda s’il pourrait lui rendre visite et, simplement, Juliette donna son adresse, rue de Lisbonne. Longtemps, il hésita à la revoir. Elle lui paraissait aussi belle, toujours, avec sa robe noire montante qui lui seyait merveilleusement, et il avait senti, en la retrouvant, une secousse dans sa chair. Il se disait qu’il retomberait peut-être sous le charme et qu’il se préparerait sans doute de nou-