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Arrivé au Bois, il jeta autour de lui un regard inquiet. Hélas ! plus retardataires que les marronniers des Champs-Élysées, les arbres n’avaient point bougé et dressaient vers le ciel leurs rameaux secs. La verdure terne des pelouses semblait faite à grands coups de pinceau et l’eau du lac, immobile, morte, sans un frisson, reflétait comme un miroir la nature encore endormie. Fidé, dépité, se replongea dans ses rêveries : Au fond d’une allée ombreuse où, par-dessus, des arbres séculaires entremêlaient leurs feuilles, il voyait une habitation qui ressemblait au cottage de Greenhouse. Seulement, les toits infléchis du chalet étaient blancs de la fleur des azalées et par-dessus les herbes avoisinantes, des traînées roses, emmêlées, irrégulières, marquaient la place des arbres fruitiers. Dans les nuages, la cime du Fousi-Yama se perdait. À l’autre extrémité de l’allée, serpentait une rivière où des nuées de canards multicolores voletaient en poussant de petits cris joyeux. Il passait sous la voûte assombrie, le bras entourant la taille flexible d’une femme. Mais quelle était donc cette créature qui mettait dans tout son être de chauds désirs et des transports amoureux, qui faisait frissonner sa chair ardemment ?…

Juste à ce moment, une calèche très élégante croisait sa voiture, et, dedans, à côté d’une amie en robe rose bouffante, il reconnut Juliette Sau-