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prit congé. En sortant, il alla tout droit au bureau télégraphique et mit la duchesse sur ses gardes par dépêche, pensant bien que le prince voudrait contrôler ses assertions. Solange et Fidé avaient, pendant ce temps, une longue et décisive conversation. Le jeune homme se défiait encore :

— Nous nous trouvons parfaitement heureux, ma bien-aimée, disait-il, ne risquons pas notre bonheur à la légère… Ici, nous sommes à l’abri de tout danger, là-bas on peut chercher à nous séparer… Attendons du moins que des mois aient passé sur le scandale de notre fuite…

Solange, doucement, insistait. Elle souffrait de la fausseté de sa position, de la rigueur de sa mère. Certes, si les choses étaient à refaire, elle n’hésiterait pas, son cœur n’ayant pas changé… Mais, pourquoi ne se réconcilieraient-ils pas avec la duchesse, puisqu’elle faisait les premières avances ? Il n’y avait plus rien à craindre, maintenant que la plainte était retirée… D’ailleurs, ils étaient mariés devant un prêtre catholique, que pourrait-on exiger de plus ? Fidé n’était pas convaincu. Il ne pouvait croire que la duchesse fût ainsi passée de la plus extrême colère à des sentiments conciliants, et il voulait, avant de se rendre au désir de Solange, prendre un dernier renseignement : il demanderait à Valterre d’obtenir de Mme de Maubourg la promesse formelle de ne rien tenter pour les séparer, après