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un défilé de gens à mines hétéroclites, venant entre chien et loup, le visage invisible, plongé dans la cravate, enfoncé sous le chapeau. Le successeur de Bocage n’ignorait pas ces particularités ; mais une entrevue amicale, appuyée de petits papiers dissipa tout malentendu et l’élève de Vidocq, désormais tranquille, élargit le cercle de ses opérations. Il mit à exécution une combinaison originale, la grande idée de sa vie. C’était merveilleux de simplicité : Monsieur Bocage, très lié avec les grues de haute volée et les garçons des restaurants chics, tenait un registre exact, minutieux, des soupers nocturnes et des adultères parisiens. Cette collection répertoriée notait les frasques des hommes mariés et les amours de leurs femmes. Puis, lors des procès en séparation — qu’on faisait naître au besoin dans les cas intéressants — M. Bocage avec une impartialité louable fournissait aux deux parties, contre argent comptant, des griefs sérieux, les matériaux des plaidoiries. C’était une spécialité bien connue et M. Bocage serait devenu fort riche si cet observateur, cet homme d’expérience n’avait eu pareillement aux autres ses faiblesses. Pour les femmes, il faisait des folies incessantes et aussi, il se ruinait en achats de vieilles gravures, collectionnées avec une ignorance convaincue.

C’est à M. Bocage que la duchesse de Maubourg eut tout d’abord l’idée de s’adresser, lorsqu’un