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couverte d’une sorte de protection tutélaire. À la première nouvelle des rumeurs qui couraient dans le public, un des clients notables, un général porteur d’un nom illustre, se suicida. Les autres, moins naïfs, réussirent à étouffer l’affaire avant que le scandale devînt irréparable. Dans cette circonstance, M. Bocage leur fut d’un grand secours et ils lui gardèrent une reconnaissance mélangée toutefois d’une certaine défiance, parce qu’il avait conservé les papiers les plus compromettants. Cependant, l’indignation publique s’accentua, les journaux bavardèrent et M. Bocage, qui continuait placidement sa petite besogne, fut prié de donner sa démission. On y mit des formes. Le policier ne résista pas trop : Il se retira dignement, comme un fonctionnaire persécuté, gémissant sur l’ingratitude des hommes et emportant un nombre considérable de cartons verts et de dossiers.

C’est alors qu’il vint habiter rue Oudinot, se chargeant d’abord de la police d’un grand magasin de nouveautés, puis ouvrant aussitôt un « Cabinet d’Affaires » mettant, ses aptitudes spéciales au service des particuliers, tripotant des intérêts considérables où des millions se trouvaient en jeu. M. Bocage avait conservé une grande partie de ses relations : il possédait sa police spéciale, souvent recrutée parmi les agents officiels et constamment, dans son bureau, c’était