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qu’elle était pauvre et vertueuse naturellement.

Cette fois pourtant, Mlle de Maubourg ne confia point à sa vieille amie le sujet qui la préoccupait. Elle garda au fond de son âme son agitation et ses doutes, trouvant parfois un plaisir étrange à se savoir aimée, puis cherchant un moyen d’éloigner d’elle cette passion qui venait subitement troubler sa vie résignée, ne voulant pas causer un chagrin au premier être qui eût éprouvé pour elle un amour désintéressé et cependant, rougissant de honte à la pensée d’encourager le prince.

Par ces raisons, elle hésita longtemps à décider si elle irait ou non à la soirée de Mme d’Antremont. Puis, soit curiosité féminine, soit qu’elle s’intéressât à Fidé plus qu’elle ne voulait le laisser paraître, elle s’y rendit, résolue de tenir le jeune homme à distance par sa froideur. Mais, dès l’entrée, elle vit briller dans ses yeux une telle joie, qu’elle n’osa même lui refuser de danser avec lui.

Le prince aurait voulu exprimer son adoration infinie et pourtant, intimidé par l’indifférence de Solange, pris d’une hésitation soudaine, il sentit le cœur lui manquer et murmura seulement :

— Merci ! Oh ! merci.

Elle n’eut pas l’air de l’entendre et partit de bonne heure, replongée dans ses perplexités, en colère contre elle-même, s’efforçant de distraire