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Deux ou trois fois encore, il dansa pendant la soirée, attendant avec une impatience fébrile le moment de redevenir le cavalier de Mlle de Maubourg. En mettant sa petite main finement gantée dans celle du prince, Solange tremblait légèrement. Elle éprouvait une émotion inexplicable. Un instant ils valsèrent sans mot dire.

— Je songeais à quelque chose d’étrange, dit brusquement le prince… Ainsi, j’aurai eu le bonheur de vous parler longtemps, de valser avec vous… Il me semble que je vous… connais depuis des siècles, et peut-être ne vous reverrai-je jamais ?

— Quittez-vous donc Paris ? s’écria Solange.

— Non, mais Mme de Maubourg reçoit rarement et je ne sais d’ailleurs si elle me fera l’honneur de m’inviter encore…

— Mais nous ne sommes pas des recluses, reprit la jeune fille ; nous sortons…

— Oui. Aussi pourrai-je vous saluer quelquefois, dit le prince avec amertume… Me reconnaîtrez-vous seulement ?

Après une minute de silence embarrassant, il reprit :

— Serez-vous à la soirée de la baronne d’Antremont ?

— Oui, je l’espère ; nous avons promis, du moins. Vous y allez ?