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des porteurs. Fidé, ennuyé déjà du séjour des villes, admirait cette heureuse tranquillité champêtre. Par instants il marchait, prenant plaisir à voir de près ces arbres qu’il allait quitter, et regardait rêveusement les transparences de l’air, laissant apercevoir des paysages paradisiaques terminés par de hautes montagnes dont les sommets se perdaient au milieu de légers nuages blancs, floconneux.

Mais si ce spectacle magique charmait les yeux de Fidé, il ne détournait pas ses pensées de leur but et, remonté dans son norimon, tout en glissant sur le chemin, frôlé par les branches basses des muriers, des paulonias, parmi les magnolias pourpres ou blancs ivoirins, et les citronniers aux senteurs embaumées, il songeait anxieusement à l’accueil que lui ferait Taïko-Naga.

Celui-ci avait senti des larmes de joie lui monter aux yeux, lorsque l’homme de poste rapide, avec une ceinture pour tout vêtement, était venu lui remettre la lettre de l’enfant prodigue, attachée parmi les autres, au bout du long bâton d’épaule. Hélas ! cette lettre était bien laconique et n’indiquait pas le désir de demeurer définitivement à Mionoska.

Fidé approchait. Déjà, sur les flancs de la montagne géante, il distinguait les marches des escaliers de granit et les maisons grises qui semblaient, entre les cascades écumeuses et scintil-