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carnat qui la rendait plus ravissante. Décidément, il l’aimait. C’était sot, absurde, impossible et pourtant c’était vrai. Certes sa folle passion pour Juliette Saurel n’était pas complètement étouffée ; en songeant à elle, il sentait encore son cœur se serrer. Mais, avec Juliette, il avait souhaité une vie ardente à Paris, au milieu de la civilisation raffinée, vie entremêlée d’âpres jouissances et d’amertumes délicieuses. Maintenant encore il lui semblait que les tortures venues d’elle seraient suivies de plaisirs aigus qui le feraient mourir en des voluptés infinies. Avec Solange, au contraire, il rêvait une existence toute de calme, de tranquillité, de joies douces et contenues où se mêlait inséparablement la vision des jardins de Mionoska, du vieux Fousi-Yama et des chères choses de là-bas, tant méprisées jadis. Ah ! cela eut été le bonheur ! Mais pouvait-il espérer que la fille de l’orgueilleuse patricienne, la millionnaire descendante des Maubourg et des d’Arvaroy répondit à sa passion bizarre ? Qu’était-il ? un Oriental, un Japonais, une sorte de curiosité à Paris, qu’on invitait à ce titre seulement. Il se sentait humilié, lui petit, jaunâtre, lorsqu’il se comparait à son ami le vicomte de Valterre, si élégant, si aristocratique, si finement distingué…

Entre deux figures de quadrille, Berthe de Lomérie prit à part Mme de Barrol et la ques-