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explications, puis tout-à-coup redevint très familier. Enfin il sortit.

La gravité même du danger couru donnait au Japonais un sang-froid particulier. Il s’exprimait lentement, avec une sorte de tranquillité un peu affectée :

— Cher bon, reprit-il, veuillez faire avancer la voiture pour que nous retournions chez moi. Je m’habillerai. Il ne faut pas que nous arrivions trop tard à l’hôtel de Maubourg. Je tiens à répondre à la gracieuse invitation de la duchesse

Une heure après, un laquais les annonçait dans le salon de Mme de Maubourg.

— Toujours en retard, vicomte, dit gaiement la vieille dame.

Valterre s’inclina sans mot dire. Il avait été convenu qu’on garderait le silence sur l’événement.

Les invités, ce soir-là, ne ressemblaient guère au mélange bizarre de la fête précédente. La réunion, peu nombreuse, triée sur le volet, passée au crible de l’orgueil et des préjugés nobiliaires, se composait en majeure partie des alliés de la famille et comprenait les noms les plus illustres parmi la vieille noblesse française. Seuls, un ambassadeur de Russie au Brésil, en villégiature à Paris, le prince Fidé et le compositeur Otto Wiener faisaient tache. On invitait ce dernier à cause de son talent, comme on eût loué une seri-