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Maubourg. Il se rejeta dans sa voiture qui partit au galop.

C’était justement ce mardi soir, où les deux amis devaient aller à une sauterie chez la duchesse. Par un hasard assez extraordinaire, ils ne s’étaient pas revus depuis la fête de l’Œuvre des Banlieues. Fidé, décidément atteint de mélancolie, ne sortait point, s’abimant en des rêveries où persistaient les images de Juliette Saurel et de Mlle de Maubourg, l’une douloureuse, l’autre souriante. Le vicomte de Valterre vint, le mardi dans l’après-midi, trouver le prince. Il était un peu pâle, avec des yeux agrandis, fatigués, mais il paraissait plein d’une joie exubérante, causant vivement, fredonnant des airs, ne pouvant demeurer en place :

— Vous avez l’air, mon cher Valterre, de sortir d’une boîte à musique, dit Fidé ébahi.

Le vicomte se mit à rire.

— Pas précisément…

Puis, brusquement, il frappa sur l’épaule de Fidé.

— Cher bon, on a beau dire… Il faut que nous soyons crânement bêtes tout de même… Il n’y a que les femmes du monde : discrètes, spirituelles, délicates… Comment diable peut-on leur préférer Nini Patte-en-l’Air ou Berthe Galoche ?

Le prince le regardait ; émerveillé de cet accès de lyrisme.