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désiré. Dans la crainte d’une opposition formelle, il n’avait averti son père ni de ses démarches ni de ses intentions. Mais, maintenant que la décision était prise et signée par le mikado, que tout était arrêté et que, bientôt, le navire qui devait l’emporter quitterait Yokohama, il fallait bien cependant prévenir Taïko-Naga, et surtout lui demander les ressources nécessaires au voyage. Fidé eut un instant la pensée de garder le silence jusqu’au dernier moment et d’écrire alors à Mionoska, de façon que le samouraï apprit seulement le départ de son fils lorsque celui-ci voguerait en plein Océan. Mais il abandonna vite cette pensée. Il chérissait son père et ne pouvait se faire à l’idée de partir sans l’embrasser. Il lui écrivit donc brièvement pour lui annoncer son arrivée à Mionoska.

Monté dans son norimon, Fidé parcourait ce pays qu’il avait traversé une fois déjà en sens inverse. C’était, la belle saison. Par les chemins accidentés, à peine tracés, la végétation luxuriante du Japon, baignée des rayons d’un soleil d’or, semblait se parer de teintes plus belles pour retenir dans sa patrie l’enfant voyageur. Au milieu des forêts de bambous altiers, autour des petits lacs et des immenses champs de riz, régnait un calme grandiose, serein, troublé à peine de temps à autre par les vols de cigognes ou la fuite rapide d’un blaireau, effrayé à l’approche