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sa nation après un pareil voyage, si rarement exécuté par ses compatriotes.

En suivant les cours de cette école de droit de Paris, tant estimée, il deviendrait peut-être aussi érudit que les deux maîtres français de Yedo et, au retour, pourrait occuper un poste important dans les plans de réforme du mikado. D’ailleurs, il vaincrait ainsi rapidement les difficultés qu’il éprouvait à apprendre le français et l’anglais, et qui lui rendaient ses études si difficiles.

Peu à peu ces visées ambitieuses, mêlées à une avidité des plaisirs parisiens décrits par Durand, lui faisaient entrer plus profondément dans l’esprit l’idée de quitter le Japon. Bientôt, cette ville de Yedo qu’il avait d’abord trouvée si belle l’ennuya. Il allait alors de plus en plus fréquemment à Yokohama, se mêlait aux Européens et se promenait sur le port, contemplant ces fiers steamers aux allures puissantes qui partaient pour les pays du rêve, en laissant derrière eux, comme une trace fugitive, un noir panache de fumée. Là, il sentait quelquefois la tête lui tourner, sous l’impression d’une mélancolie involontaire, et il revenait, songeur, chercher dans les bateaux de fleurs et les chants des danseuses, une distraction qu’il n’y trouvait plus.

Une seule crainte le retenait encore. Il se disait que Taïko-Naga, avec sa haine profonde pour les todjins, après l’avoir laissé, à grand peine, venir