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sa rivale. La nuit venait et la porte était fermée. À chaque instant, des habitants de la maison sonnaient. Alors elle se levait, son cœur battant à se briser dans sa poitrine. Elle attendait anxieusement et c’était toujours une nouvelle déception. Sûrement, le prince ne pouvait manquer de lui pardonner et de revenir à elle. Les premiers torts n’étaient-ils pas de son côté ? D’ailleurs, cette Juliette Saurel, cause première de leur brouille, n’était pas si séduisante. Fidé s’en apercevrait.

Tout à coup, au moment où Cora commençait à désespérer de revoir le prince ce soir là, elle entendit appeler Joseph. Elle s’était levée et se tenait debout près du guéridon, tremblant un peu. Le Japonais entra, puis, sans saluer, sans s’asseoir :

— Vous m’attendiez ? demanda-t-il.

— Oui… et depuis de longues heures, va… J’ai été bien inquiète… Si tu savais comme je me suis repentie !…

Il l’interrompit d’un ton sec :

— C’est tout ce que vous aviez à me dire ?

Cora fut un peu déconcertée. Elle s’approcha de Fidé avec ces manières de jeune chatte caressante qui plaisaient autrefois à son amant :

— Mon chien chéri, il faut me pardonner… Je t’aime trop, vois-tu…, je ne puis plus vivre sans toi… Dis que tu aimes encore ta petite Cora…

Il se dégagea d’un air ennuyé :