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L’actrice éprouvait pour Fidé une affection bizarre, mêlée de souvenirs, d’habitude et de vanité. Sous l’empire d’un premier mouvement d’irritation en apprenant la trahison de son amant, elle avait cherché à se venger. Mais elle ne tarda pas à se repentir ; outre que l’abandon de Fidé la gênait, pécuniairement, sa sotte vengeance avait eu des suites plus graves qu’elle ne le désirait. Si elle l’eût osé, elle se fût interposée pour empêcher ce duel ridicule. Mais elle comprit qu’elle ne pourrait y parvenir et attendit. De bonne heure, elle connut le résultat de la rencontre ; elle vit alors la sottise qu’elle avait commise et, se souciant peu de se trouver avec Estourbiac sur les bras, elle résolut de tenter un rapprochement.

Le valet de chambre n’osa point résister au commandement impérieux de la jeune femme, qui, peu de jours auparavant, agissait encore en maîtresse dans l’appartement du prince. Il la pria seulement de l’excuser auprès de son maître.

Assise, depuis de longues heures, sur une causeuse, dans le salon, elle attendait. Les minutes passaient, longues comme des heures, et le prince ne revenait pas ! Que faisait-il donc ? Le moment du repas s’écoula sans qu’elle songeât à diner. Plusieurs fois elle essaya de lire, mais vainement. Sa pensée courait avec une impatience fébrile vers cet appartement de la rue Caumartin où Fidé se trouvait peut-être en ce moment avec