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le prince était là. Mais elle espérait que Lisette l’éconduirait. Maintenant qu’il avait pénétré dans la chambre, elle entrevoyait les conséquences de ce coup de tête et s’efforçait de trouver un moyen de détourner le danger. Sans doute, elle échafaudait sur l’amour du prince tous ses espoirs. Mais qui sait si, après une pareille trahison, il reviendrait à elle ? Et alors, si elle lui sacrifiait le vieux Gibard, ne risquait-elle pas de se trouver entre deux selles ? Le commerçant, au contraire, n’était pas très exigeant sur le chapitre de la fidélité et, pourvu qu’on ne le trompât pas ouvertement, il fermait volontiers les yeux, comme le prouvait la villégiature avec le major Horsberry.

Le plus sûr était de le garder, provisoirement. D’ailleurs, elle en voulait mortellement au prince de la scène de la veille et surtout de la mettre, par sa brutalité indélicate, dans une situation difficile et manifestement ridicule. Aussi, quand le petit père Gibard eut dit d’une voix grave, en se tournant vers elle : « C’est à vous qu’il appartient de répondre, » répliqua-t-elle sans hésiter :

— Mais je ne sais pas le moins du monde ce que ce monsieur vient faire chez moi, et surtout pourquoi il s’introduit ainsi, de force, avec des manières qui conviennent plutôt à un voleur qu’à un homme bien élevé…

Le prince eut un geste de rage. Il allait parler