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— Vous ne voulez pas, dit Boumol indigné… Alors vous conservez de la rancune ?… Pourtant, ça se fait ainsi… dans le monde !…

Il en prit cependant son parti, philosophiquement, et laissa Levrault accompagner seul le blessé, sous prétexte qu’il ne fallait pas trop de monde autour d’un malade. Puis il revint vers Valterre et lui frappant sur l’épaule :

— Eh bien ! et ce pâté ? et le champagne ? Nous allons leur dire un mot. Nous l’avons bien gagné, hein ?… Pristi ! qu’il fait faim !…

Ils organisèrent, ce matin-là, un déjeuner pantagruélique dans un restaurant de Maisons-Laffitte que Boumol, après réflexion, déclara presque aussi rupin que Saucerousse. Sur la fin du repas, tandis que Sosthène Poix lançait des bons mots, le prince, fortement ému, avoua au vicomte son grand amour pour Juliette Saurel. Celui-ci, quoiqu’il fût très ivre lui-même, eut le sentiment du danger que courait son ami, et il essaya de le distraire en lui débitant plusieurs aphorismes de sa composition qui n’étaient pas à l’avantage des femmes.

Ils revinrent à Paris à une heure assez avancée. Malgré les fumées de l’alcool, Fidé conservait son idée fixe : Retourner chez Juliette et s’excuser d’avoir manqué à sa parole. Il quitta ses amis à la gare Saint-Lazare, à grand’peine, car Boumol ne voulait plus : le lâcher et racontait des histoires