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Il allait continuer. Mais on était parvenu à la lisière du parc. Le vicomte fit signe d’arrêter. Un instant il s’orienta, puis on se remit en marche. Deux minutes après, on atteignait la clairière. L’endroit était bien choisi, dans un coin du parc très retiré, où l’ombre de chênes puissants avait étouffé la végétation et dénudé la terre. On pouvait se tuer là en toute sécurité. Sous l’arbre immense, le sol glabre, sec, présentait au pied un appui résistant. On ne courait pas le risque de glisser.

D’un commun accord, le vicomte de Valterre fut choisi pour placer les combattants. Les habits ayant été jetés bas et les épées tirées au sort, Estourbiac et Taïko se mirent en garde. Valterre, les faisant un peu reculer, saisit les pointes dans sa main, les éleva, les fit toucher, puis voyant les adversaires prêts, il les abandonna rapidement en se reculant et disant :

— Allez, messieurs…

Aussitôt, avec une promptitude et une agilité de bête fauve, le prince, mettant à profit le conseil de son ami, fit un pas, dégagea en tierce, trompa le fer et se fendit. Avant que la riposte vînt, il se remit en position. Estourbiac arriva tardivement à la parade. Les témoins étaient devenus pâles, le croyant traversé de part en part. Heureusement pour lui, le prince, peu exercé, avait dégagé trop près du fer et la pointe