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quelques jours elle avait de plus en plus surexcité l’amour du prince, attendant une circonstance favorable pour se donner à lui et se l’attacher à tout jamais. Afin de le préparer aux sacrifices dont elle comptait profiter, elle parlait d’un ton mélancolique, en termes amers, de sa liaison avec Gibard, — laquelle avait pris fin depuis longtemps, — ajoutant que cela était pourtant nécessaire et qu’elle voulait qu’il n’y eût entre elle et le prince aucune question d’argent, mais seulement leur amour, pur de toute souillure.

Juliette Saurel avait étudié fructueusement la Dame aux Camélias. En comédienne habile, elle jouait la passion avec un art qui eût pu en tromper d’autres plus sceptiques que le Japonais. Lui, avait tout de suite été pris.

L’affaire même d’Estourbiac, qui pouvait nuire aux projets de Juliette Saurel, était devenue, en y songeant, la circonstance qu’elle cherchait. Aussitôt qu’elle eût appris, par une amie envoyée exprès, l’algarade du Salon, elle combina son projet. Elle se rendrait chez le prince et lui demanderait de ne pas se battre. Naturellement, il refuserait, et alors elle se donnerait à lui, comme si elle se fût sacrifiée pour sauver sa vie.

Ce plan très habile, avait été près de réussir. Et voilà qu’un incident fortuit, l’arrivée soudaine de Valterre, remettait tout en question ! Ah ! quelle