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— Si je m’y connais !… On part le matin pour la Belgique, afin d’avoir toute sa journée à soi après le duel. On s’arrête en route, généralement à Vincennes ou à Saint-Mandé. On commande un bon petit déjeuner, puis on s’aligne… sous les verts ombrages. Il fait frais, ça donne une faim d’enfer… Pif… Paf ! C’est fini. On s’embrasse, on avoue qu’on avait tort tous les deux… et puis on fait une petite noce soignée…

Estourbiac trouvait bien que son témoin manquait un peu de sérieux, mais, en revanche, sa manière d’envisager le duel lui plaisait assez. Avec des seconds comme celui-là, les choses devaient rarement tourner au tragique. C’est égal, il l’aurait désiré un peu plus distingué tout de même.

Cependant ils ne trouvaient personne. Le soir venait, bien des gens étaient partis. Enfin, à la sculpture, ils mirent la main sur Levrault, qui posait au milieu d’un groupe de jeunes gommeux. Estourbiac le prit à part et lui exposa l’affaire en requérant son aide.

— Mais, comment donc, cher, je suis tout vôtre.

Rejoignant ses amis, Levrault leur expliqua gravement qu’il était obligé de les quitter, ayant à régler une affaire d’honneur de la plus haute importance. Quoiqu’il parlât assez souvent, en termes vagues, de duels auxquels il avait assisté,