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avait atteint son but en forçant Cora à devenir sa maîtresse, une rencontre avec un homme du monde, un prince, ferait du bruit et le servirait auprès du directeur du Tout-Paris. Il savait en quelle haute estime on tient les rédacteurs qui sont capables d’endosser crânement la responsabilité de leurs articles et d’en rendre compte sur le terrain. Les procès-verbaux seraient publiés dans tous les journaux de Paris — il en faisait son affaire — et cela lui vaudrait une réclame énorme, qui aurait pour conséquence probable la signature d’un traité avantageux. Somme toute, l’aventure se présentait sous un aspect favorable et, n’eût été sa culbute ridicule, Estourbiac se fût estimé très heureux. L’issue du duel ne l’effrayait pas beaucoup, non pas qu’il fût un bretteur distingué, n’ayant jamais, dans la chasse incessante et acharnée qu’il livrait à la pièce de cent sous, trouvé le temps de s’exercer, mais il savait que la plupart des duels se terminent d’une façon très peu émouvante, par une égratignure au poignet ou de la poudre brûlée aux moineaux. D’ailleurs, il était l’offensé et le choix des armes lui appartenait. Un bon duel au pistolet à vingt-cinq pas, — tir au commandement, — ferait son affaire. On échangerait deux balles, on se serrerait la main et tout serait dit. L’effet produit se trouverait le même.

Parmi les témoins de l’algarade, au Salon,