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café sur le boulevard. À peine étaient-ils assis que le vieux Partisane vint à passer et leur serra la main. Il tenait, sous son bras gauche, un numéro du Rabelais, plié. Il ne fit aucune allusion à l’article, mais on voyait clairement qu’il le connaissait. De temps à autre, il jetait sur Fidé un regard inquisiteur, comme s’il ne l’eût jamais vu, et un sourire contenu plissait fébrilement le coin de sa bouche. D’autres connaissances du Young-Club, ou du Bois, échangèrent un mot avec eux : tous allaient au Salon, presque tous avaient acheté le Rabelais. Quelques-uns, moins discrets, criaient :

— Eh bien ! vous avez vu, cet article. C’est ignoble. Ces journalistes…

Ils s’indignaient. Mais au fond ils étaient contents et disaient cela pour voir la tête du prince. Le vicomte, impatienté, fit avancer sa voiture. Ils partirent pour le palais de l’Industrie. Sosthène Poix les accompagnait.

À l’entrée ils rencontrèrent une dame assez âgée, accompagnant une jeune fille d’une beauté blonde et fine. Leur landau armorié indiquait un grand nom. Les laquais corrects, la voiture d’aspect vieux et riche, les chevaux superbes dans leur allure tranquille portaient la marque visible des écuries du faubourg Saint-Germain. Valterre fit à ces dames un grand salut. Elles s’inclinèrent.

— Qui est-ce ? demanda Taïko-Fidé.

— Mesdames de Maubourg… Un vieux nom.