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pour agir ainsi : il n’a pas coutume de commettre des étourderies.

— Bah ! dit le vicomte, cela n’a pas grande importance. C’est une méchanceté idiote. N’importe, ce petit monsieur pourrait se brûler les doigts à ce jeu-là.

Un éclair de haine avait passé dans les yeux du prince. En prenant l’extérieur aimable des Parisiens, il conservait au fond de l’âme un levain oriental. Il gardait surtout le sentiment de la vendetta, de l’expiation des insultes, si développé chez ses compatriotes. En cela, il tenait bien du vieux Taïko-Naga.

Dans cette attaque brutale et inattendue, ce qui l’indignait surtout, ce qui le remplissait de rage, c’étaient les allusions à son affection pour Juliette Saurel. Depuis cette nuit fameuse où il avait avoué son amour, il voyait tous les jours la jeune femme et il la trouvait de plus en plus charmante. À chaque instant il découvrait en elle des qualités nouvelles, des délicatesses imprévues, analogues à celle qui lui avait fait refuser de devenir sa maîtresse. Et c’était cette femme adorable, si belle, si désintéressée, qu’on salissait d’épithètes outrageantes !

Une mauvaise colère grondait en lui. Il ne répondait pas aux paroles du vicomte, qui essayait de remettre un peu de gaieté dans la conversation. Un instant après, ils sortirent pour prendre le