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de demeurer ici. Voulez-vous me permettre de vous accompagner ?

— Comme vous voudrez, répondit tranquillement Juliette.

Et elle sonna.

Dans la voiture, Fidé, transporté d’amour, baisait les mains de la jeune femme qui s’abandonnait un instant, puis brusquement, d’un mouvement nerveux, s’enveloppant dans ses fourrures, interrompait ces protestations d’amour.

— Laissons cela, mon bon, et autant que possible, ne disons pas de bêtises. Nous en avons assez entendu ce soir… Parlez-moi plutôt de votre pays, cela m’amuse.

— Volontiers.

Alors, d’une voix très douce, tendrement appuyé contre la jeune femme dont il sentait la chaude moiteur à travers les vêtements, il répondait à ses questions. Pris d’une sorte d’attendrissement poétique, il narrait les doux épisodes de son enfance, au cher pays natal et, parfois, sous l’impression de ces réminiscences, s’oubliait jusqu’à employer des termes japonais. Juliette l’écoutait attentivement, demandant quelle était au juste la situation de Taïko-Naga, de quoi se composait leur fortune, quelles étaient les lois, là-bas ; éparpillant au hasard de la causerie, sous les gentilles fleurs de son babillage, un inventaire de commissaire-priseur.