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rait la posséder, lui le fils de Taïko-Naga. Que signifiaient les paroles de Valterre ? Juliette Saurel consentirait-elle donc à le prendre pour amant ?

Au même instant la jeune femme lui disait en montrant les autres, avachis sous l’ivresse :

— Alors, vous trouvez ça drôle, vous ?

— Hum ?… pas précisément. — Eh bien ! moi, ça me dégoûte… Tenez, regardez-moi Valterre, et Manieri, et l’autre avec son drame… Ont-ils l’air assez idiot ?…… Ils appellent ça s’amuser… Eux, des gens intelligents, ils ne sont contents que lorsqu’ils se sont rendus pareils à des brutes…

— C’est très bien, répondit le prince, et je crois que vous avez raison, Mais alors, pourquoi venez-vous ?

— Eh ! le sais-je ? On s’ennuie seule, on se retrouve avec d’anciens amis, on a du plaisir à les revoir et on demeure… Peut-être espère-t-on que leur système de vie aura changé et qu’on éprouvera des sensations nouvelles. Puis, on se laisse entraîner à faire comme eux. On commence à l’Opéra, on finit chez Baratte… quelquefois sous la table. C’est alors que revient le dégoût, qu’on regrette — comme moi en ce moment — d’être venue et qu’on se sauve — comme je vais le faire.

Elle se leva pour sonner le chasseur.

— Vous m’avez converti, reprit le prince, et, en partant, vous m’enlevez la seule raison que j’aie