Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
hara-kiri

deurs plastiques. Elle tirait de la toilette un secours savant. Enfin, elle avait une précieuse expérience de la vie et des hommes. Pour peu qu’elle le voulût, son avenir, avec ces éléments, se pouvait facilement assurer. D’abord, il fallait être lancée, chose aussi difficile pour une femme qu’il est malaisé à un homme d’arriver. Valterre s’en chargea. En un mois, grâce à lui, elle fut connue du monde des viveurs. Alors elle fit son choix : Elle se défiait des jeunes gens, les vieux lui paraissaient plus faciles à plumer, plus généreux et moins exigeants. Et puis ceux-là, on est sûr de ne pas les aimer…

Froidement elle décida qu’elle aurait un vieux, et, corollaire indispensable, une voiture à elle. Riant effrontément, avec des allures de grande dame, elle proposa donc le marché au père Gibard, associé d’une forte maison de confection, très amateur de petites femmes. Le vieil israélite, plissant son masque bête, la regarda un moment de ses yeux gris habitués à estimer des complets. Puis il murmura.

— Faudra voir.

Ce soir-là, Juliette fut étincelante. C’était à un souper. Elle fit une dépense extraordinaire d’esprit. Au dessert, le père Gibard, enthousiasmé, très allumé, ses grosses lèvres tremblotant comme celles d’un chien affamé ; voulut la reconduire. Elle