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très jaloux. À la suite d’une querelle, elle le quitta dignement et, malgré ses prières, ne voulut point revenir.

Alors commença la période la plus misérable de son existence, une autre dèche, celle de la rive droite, moins drôle et moins propre. Elle, la Duchesse, on la vit aux Folies-Bergères, quelquefois chez Hill’s, à la Brasserie Fontaine, chassant à l’homme comme la dernière rouleuse. On la posséda pour des louis. Elle eut quelques amants passagers, fort peu sérieux.

C’est à ce moment qu’elle se prit à réfléchir. Avec cette même froideur qu’elle avait mise à décider si elle serait vertueuse ou vierge folle, elle discuta sa situation. Elle reconnut qu’elle n’était plus toute jeune, que bientôt le cap du déclin serait passé et qu’alors s’avancerait à grands pas cette misère noire qu’elle redoutait. Il s’agissait de ne pas faire comme la cigale, mais d’imiter la fourmi et de s’amasser quelque chose pour la saison d’hiver. Tant d’autres, plus jeunes qu’elle, moins intelligentes et moins belles avaient su se procurer des rentes, un château et des voitures.

Il faut avouer qu’elle avait bien mal employé son temps. Cependant, rien n’était perdu encore ; au contraire, jamais peut-être le moment n’avait été plus favorable : Sa beauté, un peu mièvre autrefois, était devenue majestueuse, pleine de ron-