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hara-kiri

Tant qu’ dur’ra la cris’ politique,
Par ma voix, il vous avertit
Qu’à tous ceux qui boiv’nt — sa boutique
Va rester ouvert’ jour et nuit,
Et qu’avec ça, car c’est pas tout !
Et qu’avec ça — j’ suis pas au bout !
Et qu’avec ça — v’là la merveille !
Et qu’avec ça — l’prix d’ la bouteille
Ça n’ s’ra pas vingt sous,
Ça n’ s’ra pas dix sous,
Ça n’ s’ra pas cinq sous,
Ça n’ s’ra pas deux sous !
Ça s’ra ! Ça s’ra
Ce que chacun voudra !

Dominée par l’entraînement de la mélodie et des paroles, Cora ne chantait plus, elle criait au point de se casser la voix si elle en avait eu le moindre filet et, plus le couplet approchait de la fin, plus elle s’excitait. Pour chauffer l’auditoire, pour enlever le succès, elle se livrait à toutes les excentricités qui lui passaient par le cerveau, tordant sa taille dans des contorsions grotesques et secouant la tête avec des hochements insensés. Quand elle arriva au vers

Et qu’avec ça… car c’est pas tout !…

sa voix déjà enrouée devint aigre avec des intonations de fausset. Pour se donner du courage, pour se stimuler, elle faisait les gestes de bras furieux des chanteuses comiques de café-concert, frappant nerveusement du pied, perdant