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l’éclairage électrique, luisaient les casques des gardes de Paris, le monument flambait, lumineux, le faîte baigné dans un plein air poudré d’or, assiégé par une cohue noire, tenace, qui voulait entrer quand même. Dans ce pêle-mêle se coudoyaient des chicards, des hommes du monde, des pierrettes, des débardeurs, des vieux qui voulaient s’amuser, des femmes à la mode, furieuses d’attendre, des rouleuses du boulevard, venant tenter un beau coup, des demoiselles de magasin allant à un rendez-vous, une modiste ayant besoin de payer son terme et sa blanchisseuse : Plus loin gloussait une grosse bourgeoise romanesque, datant de Scribe, et prenant, sous le satin noir du domino, ses palpitations pour les battements de son cœur. Elle allait ainsi, ballottée de porte en porte, comme une énorme épave, sous la poussée de cette marée vivante. Toute cette cohue bariolée s’engouffrait dans l’Opéra sous l’œil des agents, qui s’efforçaient vainement de remettre un peu d’ordre.

Le vicomte de Valterre et Taïko se faufilèrent péniblement. En entrant dans le vaisseau énorme, ils furent assourdis par le mélange des vociférations et des sons endiablés de l’orchestre, en même temps qu’éblouis par la lumière éclatante réfléchie, divisée en mille rayons par les ornementations des murs, accrochée en fulgurations ai-