Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
CYBÈLE

terre. Oh ! c’est un déplacement insensible, si lent que bien des siècles devront s’écouler avant que votre Paris ou même Saint-Pétersbourg commence à déchoir, mais ce retour de vitalité maîtresse pour les peuples occupant des contrées plus méridionales n’est pas moins certain. C’est ce qui s’est passé au reste en Cybèle. Vous apprendrez dans nos fastes historiques que dès le xxxve siècle de notre ère australe, tout le nord de l’Europe commençait à n’être plus qu’une autre Sibérie de moins en moins habitable, et que notre chère France ne sauva sa suprématie qu’en reportant sur les rives mêmes de la Méditerranée son centre d’action et sa capitale.

— Je m’étais toujours douté, interrompit le provençal sans s’émouvoir, que Marseille en arriverait là quelque jour.

— Ce fut en effet Marseille qui remplaça Paris. Le règne de la nouvelle capitale de la France, continua Alcor, fut grandiose. Sa situation favorisée sur la mer intérieure redevenue le carrefour des premiers peuples du globe ; ses flottes nulle part égalées qui rayonnaient dans le monde entier ; le rôle prépondérant dévolu à la nation française, laquelle se partageait à peu près également sur les deux rivages méditerranéens, firent pendant près de deux mille ans de l’incomparable Marseille, avec ses quatre millions d’habitants, la métropole