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CYBÈLE

n’était pas de son temps à lui, Marius. Il vivait déjà au milieu du lointain avenir de la terre, laquelle se trouvait retarder de six mille années sur le monde d’Alcor et de Namo ! Passe encore pour des formations astrales et des lois physiques. À la grande rigueur, il se peut que dans l’espace sans bornes, parmi l’inanité des mondes, il s’en rencontre deux de semblables ; mais que la similitude matérielle entraînât l’identité des créatures vivantes de leurs surfaces, et surtout celle des peuples, des événements, des développements historiques et même celle des personnalités, c’en était trop ! Cela dépassait toutes les bornes de la croyance.

Et pourtant, si les mêmes causes physiques produisent nécessairement les mêmes effets, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les causes vitales et morales, tout se tenant rigoureusement de proche en proche, du commencement à la fin de deux existences de mondes dont la nature et le point de départ matériel et immatériel sont identiquement semblables ? Que sommes-nous donc, nous autres hommes ? Nous croyons vouloir ceci, empêcher cela, aller où nous voulons, être les arbitres de notre sort. Erreur ! toutes nos pensées, nos moindres actions, ne sont que des suites fatales de mouvements antérieurs, de causes reliées à d’autres causes, agissant en nous et au-dessus de nous.