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CYBÈLE

jeune marin qui apportait un surcroît de joie par sa présence ; car l’on était déjà tout à la joie dans cette maison où allait se célébrer une de ces unions qui réunissent tous les bonheurs à la fois : affection profonde des jeunes fiancés commencée dès l’âge le plus tendre et grandie avec les années ; fusion de deux familles que rapprochait déjà une vieille intimité ; position sociale respectable, et fortune honnête. Que pouvait-on souhaiter encore ? On désirait, sans oser l’espérer, le retour du frère, de l’ami absent, et l’absent revenait juste à point pour signer au contrat de mariage.


C’était une habitation qui avait assez grand air que la maison de Me Démosthène Foulane. Elle attirait le regard entre toutes les maisons voisines par son faîte élevé et ses belles proportions ; maison de notable, cela se reconnaissait de suite. En effet, au-dessus du portail cintré qui s’ouvrait à deux battants sur la jolie rue d’Aiguevives, on voyait saillir les panonceaux du notariat qui ne se plaisent d’ordinaire que sur de beaux immeubles. Et précisément en ce moment où commence cette histoire, les rayons obliques du soleil couchant de Provence, frappant la face du cuivre poli, mettaient comme un brûlant météore sur le front de cette demeure. On eût presque dit un autre soleil descendu du firma-