Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
CYBÈLE

tenant son anneau sans pareil si près de Marius, que celui-ci qui le voit tourbillonner sous ses yeux comme en un manège inouï, n’a qu’à infléchir un peu à gauche au moyen de quelques coupes énergiques pour passer à travers l’immense cercle, avec la prestesse d’un acrobate comme on n’en vit jamais.

Au loin se montre enfin, et tout droit devant lui, un astre qui doucement s’illumine d’une pâle et bleuâtre clarté. Son disque, grandissant de minute en minute, dessine bientôt des formes de continents bien connus, et la présence à ses côtés de la lune, sa fidèle compagne, que notre ami retrouve sans envie de s’y arrêter cette fois, détruirait la moindre incertitude s’il en pouvait encore avoir. Terre ! terre ! s’écrie avec délire l’exilé enfin si près d’être rendu à sa patrie. Bientôt il en est assez rapproché pour pouvoir contempler le spectacle majestueux de la rotation du globe terrestre sur son essieu idéal. Malgré une zone de nuées légères qu’irisent de mille couleurs les rayons d’un soleil oblique, se distinguent les découpures des continents et des mers, les golfes, les caps qui s’enfoncent et disparaissent tour à tour à l’orient, tandis que de l’occident surgissent de nouvelles terres et montent de nouveaux océans. Tableau admirable que par la pensée purent les premiers entrevoir, avec l’intuition du génie, les Copernic et les Galilée, et que