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CYBÈLE

vie revenue à ses premières ébauches sur cet astre précocement vieilli car lui aussi a dû avoir ses époques de vie prospère, ainsi que semblaient en témoigner de divers côtés les places blanchâtres où se profilaient et se dressaient des contours ayant toute l’apparence de murailles en ruines. C’étaient sans doute les derniers vestiges d’une antique civilisation lunaire, car rien autre ne dénonçait des marques d’une vie intelligente actuelle sur ce globe si étrangement partagé que des êtres vivants ne pourraient sans danger de mort s’approcher de la partie faisant face à la terre. De façon que si nous ne voyons pas le côté habitable de leur pays, ils ne pourraient pas davantage voir le nôtre ; globe moribond d’ailleurs qui, s’il recèle encore quelques forces internes capables, paraît-il, d’y déterminer de temps à autre de petits changements superficiels, et même des éruptions comme le flamboiement d’Aristarque récemment observé, est, disons-nous, certainement bien près de ne plus faire qu’un cadavre ambulant.

L’état d’esprit dans lequel se trouvait Marius à ce moment-là doit nous rendre indulgents pour le peu d’attention qu’il mit à étudier sérieusement cet hémisphère lunaire que nous ne connaissons pas du tout. En toute autre circonstance, il eût été absolument impardonnable de n’avoir pas pris des notes