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CYBÈLE

apparence qu’une chute nécessairement mortelle le briserait sur les rochers dont il distinguait les mille aspérités. Mais tout n’était-il pas préférable au sort affreux de se voir englouti à jamais dans les abîmes de l’infini des espaces ?

Tandis que s’agitaient en lui de si noires pensées, et de même qu’instinctivement il avait commencé par remuer la tête, Marius essaya de mouvoir ses bras et ses jambes, et voilà qu’il s’aperçoit qu’un exercice un peu régulier de ses quatre membres rendait de véritables effets de natation aérienne, ainsi qu’en rêve il lui était arrivé maintes fois de se sentir emporté dans les airs aussi léger que l’oiseau. Or Marius était bon nageur, mais sa découverte ne pouvait avoir que des effets fort limités, car sa course vertigineuse ne lui permettait à peine que d’infléchir légèrement de côté sans qu’il pût briser le courant insurmontable qui semblait le porter. Toutefois c’était déjà beaucoup que de pouvoir biaiser dans un angle appréciable, et dans le cas présent, peut-être y avait-il des chances pour qu’il pût atteindre une des montagnes lunaires dont il allait raser les sommets, s’accrocher à n’importe quel point d’appui et se cramponner ferme.

Il se mit donc à nager vigoureusement, et en moins de cinq minutes, il avait assez dévié de sa ligne de projection pour voir à très proche dis-